6 milliards de tonnes de sable marin extraites des océans chaque année (l’équivalent de plus d’un million de camions par jour)

Dans un rapport dévoilé le mardi 5 septembre 2023, les Nations Unies alertent de manière inédite sur l’exploitation massive du sable dans le monde.

Une menace pour les écosystèmes côtiers et la biodiversité marine.

Au-delà de l’augmentation alarmante de la température des océans, une autre menace plane sur la biodiversité marine : l’extraction de sable, en quantité astronomique. Selon un rapport de l’ONU publié ce mardi 5 septembre, environ 6 milliards de tonnes de sable marin sont extraites des océans chaque année. Un phénomène jugé à la limite de ce qui est soutenable pour l’environnement, et avec de lourdes conséquences pour l’écosystème marin.

C’est la première fois que le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) parvient à établir ces données. Et les quantités de sables extraites sont même sans doute bien supérieures à ces estimations. Les experts onusiens ont utilisé le système automatique d’identification (AIS) des navires, permettant «d’avoir accès aux déplacements de tous les bateaux de la planète», selon le directeur du centre d’analyse des données pour le PNUE, Pascal Peduzzi. Ils ont ensuite eu recours à l’intelligence artificielle afin de distinguer les bateaux qui extraient du sable via leur mode de déplacement. Mais l’analyse des données s’avère encore balbutiante : seuls 50 % des navires sont pour l’instant suivis. Donc une autre moitié n’est pas encore prise en compte dans ces calculs.

Même si l’extraction artisanale ou celle le long de côtes peu profondes ne peut pas encore être détectée, l’ONU estime qu’entre quatre et huit milliards de tonnes de sable ont été extraits chaque année dans les mers et océans, de 2012 à 2019. «Soit l’équivalent de plus d’un million de camions par jour», a expliqué Pascal Peduzzi.

Ces données, que l’ONU espère pouvoir actualiser cette année pour la période 2020-2023, montrent que cette activité ne cesse de croître et «commence à prendre des proportions gigantesques», a déploré le directeur du centre d’analyse des données pour le PNUE. «Les écoles, les hôpitaux, les routes, les barrages hydroélectriques, les éoliennes, les panneaux solaires, le verre… en fait  toute notre société dépend du sable comme matériau de construction», a fait valoir Pascal Peduzzi.

Les navires extracteurs sont comme des «aspirateurs» qui «broient les fonds marins» et les «stérilisent», faisant disparaître les micro-organismes océaniques et mettant en danger la biodiversité, observe l’expert. Le sable est également un matériau dont de nombreux pays auront besoin pour se protéger contre l’élévation du niveau des mers, a-t-il conclu.

Une réglementation internationale défaillante

La mer du Nord, l’Asie du Sud-Est et la côte est des Etats-Unis figurent parmi les lieux où les activités de dragage marin sont les plus intenses. Les pays disposant des plus grandes flottes de navires extracteurs sont la Chine, les Pays-Bas, les Etats-Unis et la Belgique.

Les pratiques internationales et les cadres réglementaires varient considérablement. Certains pays - dont l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam et le Cambodge - ont interdit l’exportation de sable marin, tandis que d’autres ne disposent d’aucune législation.

315 000m3 de sable puisé en mer, au large, dans la zone d'extraction du Pilier (près de Noirmoutier)

En 2004, il a fallu faire venir 315 000 m3 de sable puisé en mer, au large, dans la zone d'extraction du Pilier (près de Noirmoutier). Heureusement pour les contribuables baulois, le financement était essentiellement européen avec le fonds FEDER.

source : https://www.liberation.fr/environnement/biodiversite/6-milliards-de-tonnes-de-sable-extraites-des-oceans-chaque-annee-estime-pour-la-premiere-fois-lonu-20230905_RUX3M4G7PNG3ZPPFB3K77P3ZKM/