Quand le photovoltaïque allemand produit plus que le nucléaire français - Quid de l'éolien en Loire-Atlantique ?

Publié le par La-Baule-360.Reputation-3D

Le parc éolien situé au large de la baie du Pouliguen, en mer de Saint-Nazaire, est le premier parc éolien français offshore en situation de devenir pleinement opérationnel. Le saviez-vous ? Chacune des éoliennes de ce premier parc offshore français peu produire jusqu'à 6MW par éolienne (multiplié par 80, nombre total d'éoliennes de ce parc offshore). Pourtant en 2024 les éoliennes offshore nouvellement produite sauront produire 15MW, chacune. Soit 2.5 fois de plus que chacune de celle installée au large de La Baule. Lorsqu'on connait le rendement d'une éolienne et les capacités de la nouvelle génération, on peut se demander si toutes les dispositions ont été prises tout au long de ce processus pour que le 1er parc offshore français produise autant d'énergie qu'on le voudrait.

Une vision court-terme ?

Entre autre question, restera-t-il compétitif tout au long de sa période d'exploitation de près d'un quart de siècle ? Tandis que le réchauffement climatique aura forcé l'humanité à devoir adopter d'autres mesures d'ici ... 2050 !

Désormais dans le même temps et du fait imprévisible de la guerre en Ukraine déclarée il y a déjà 4 mois, et de ses conséquences, de nouvelles réflexions utiles voient le jour. Ainsi naissent des dossiers comparatifs et utiles. Tel celui-ci sur le photovoltaïque.

Voici dans l'article à suivre, des comparatifs de production de green energy entre deux pays frontaliers, l'Allemagne et la France. L'un - l'Allemagne- est plutôt moins favorisé sur ce plan de l'ensoleillement que l'autre. Les taux d'exposition au soleil dans ces deux pays d'Europe ne sont en effet pas exactement comparables. Et pourtant !

Ailleurs et dans le même temps, le GIEC faisait tout récemment paraitre son 1er Rapport sur les évolutions du climat dans les Pays de la Loire. On y découvre tout au long des 120 pages richement dotées de croquis et de graphes que le bouleversement climatique qui s'exprime sous la forme de sécheresse, est en train de provoquer une évolution non controversable des conditions de vie sur le territoire du 44 (Pays de Loire). Au point que ce 30 juin 2022,  le Club de l’immobilier de Nantes Atlantique (Cina) organise sa première biennale de l’immobilier, nommée Édifice afin de parler notamment de transition écologique et de montée des eaux (du fait de la fonte de glaces). C'est aujourd'hui 30 juin 2022 à La Baule au palais des congrès d'Atlantia.

le premier rapport du groupe scientifique sur la contribution des Pays de la Loire aux émissions de GES et sur ses vulnérabilités face aux impacts du changement climatique : températures et vagues de chaleur, inondations, sécheresse, incendie, submersion.../...
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Un enjeu critique tant il impose de repenser nos façons d’habiter les territoires et qui invite donc aussi et notamment le secteur de l’immobilier à inventer de nouvelles propositions pour, par exemple, accueillir quelques 800 000 ligériens supplémentaires d’ici à 2050 tout en visant l'objectif de "zero artificialisation nette".

Virginie Raisson-Victor, Géopolitologue et prospectiviste, Présidente Giec Pays-de-la-Loire, Co-fondatrice & porte parole du Grand Défi des entreprises pour la planète, conférencière

Le GIEC

Le #Giec Pays de la Loire est composé de 20 scientifiques issus de disciplines diverses. Le rapport  (120 pages) est le résultat de 18 mois de travail des membres du groupe avec l’aide de nombreux contributeurs externes, sous la coordination -précieuse et intense- des équipes du Comité 21. 
 

Alors ... à quand un rééquilibrage photovoltaïque / éolien offshore ?  

Tandis que la France s’enfonce dans ses déboires nucléaires, l’électricité solaire ne cesse de gagner du terrain en Allemagne. Les énergies renouvelables y sont désormais majoritaires, explique notre chroniqueur.

Pendant toute la semaine du 13 au 19 juin, entre 10 h 30 et 16 h 30, soit pendant 6 heures autour du pic de consommation quotidien sur le réseau public, les panneaux solaires allemands fournissaient la moitié de la consommation électrique allemande (surfaces jaunes dans le diagramme ci-dessous).

En France près de la moitié des réacteurs nucléaires français (27 sur 56) étaient à l’arrêt. Et pendant les heures les plus ensoleillées, les panneaux solaires allemands, en très grande majorité la propriété de particuliers, de coopératives citoyennes, ou de collectivités locales, produisaient plus d’électricité que l’ensemble de la puissance nucléaire disponible en France (29 GW). Une pointe de 38,7 GW de solaire a été enregistrée en Allemagne le 15 juin.

© Fraunhofer
© Fraunhofer

L’observation des transferts d’électricité montre que 4 à 5 GW de puissance électrique allemande ont été régulièrement exportés vers le réseau français, selon RTE.

On notera que le soleil, la canicule, la sécheresse ne sont pas favorables à la production nucléaire, qui demande beaucoup d’eau et rejette une énorme quantité de chaleur, alors que la production photovoltaïque croit avec l’ensoleillement dans un cycle vertueux au regard de la demande de froid.

La production éolienne, à l’inverse, est plus importante en soirée et dans la nuit et elle croît avec le mauvais temps, cette complémentarité entre solaire et éolien palliant en partie leur intermittence journalière et saisonnière.

Il faut s’attendre à ce que l’Allemagne batte chaque année ses propres records de production photovoltaïque, car la puissance installée ne cesse d’augmenter. Elle est aujourd’hui de 60 GW : l’équivalent donc, en puissance, de 60 réacteurs nucléaires [1].

200 GW en 2030

Ce chiffre qui défie déjà l’entendement français sera porté à 200 GW en 2030. L’Allemagne a mis en service 5,3 GW de nouvelles installations photovoltaïques en 2021, 10 % de plus que l’année précédente. Une progression qui devrait atteindre 10 GW par an dès 2025. Depuis mai 2022, toutes les constructions résidentielles et commerciales du Bade-Wurtemberg, le land voisin de l’Alsace et le plus méridional de l’Allemagne, ont l’obligation d’intégrer des panneaux photovoltaïques. D’autres länder ont déjà initié des mesures similaires. On notera que l’Allemagne est très loin de bénéficier des conditions d’ensoleillement françaises. Même chose pour le vent.

Les renouvelables ont atteint 50 % de la consommation d’électricité allemande au premier trimestre 2022, avec 73 milliards de kWh générés [2]. Le pays prévoit d’atteindre 100 % d’électricité renouvelable en 2035 avec l’éolien terrestre pour premier contributeur (110 GW), suivi de l’éolien en mer (30 GW).

Les derniers appels d’offre pour des installations solaires allemandes font état d’une rémunération moyenne exigée par les producteurs de 5,2 centimes le kWh (en euros 2022, marge du producteur comprise), et ce pour des installations de taille industrielle [3].

À l’inverse, en France à la fin de l’année 2021, malgré un développement qui s’est accéléré, le solaire occupe encore une place mineure dans la production électrique : la puissance installée photovoltaïque représentait 22% de celle de l’Allemagne (13 GW contre 60 GW en Allemagne), alors que les conditions climatiques et géographique françaises sont bien plus favorables.

L’exemple allemand de la puissance incroyable générée par des millions de petites sources de production électrique réparties sur le territoire, la guerre en Ukraine et la nécessité accrue d’une réelle indépendance énergétique européenne, la vulnérabilité dantesque des installations nucléaires en cas de conflit armé, les difficultés techno-économiques de la filière nucléaire française, vont nous obliger à un développement sans précédent des renouvelables et des économies d’énergies. L’un des enjeux sera industriel, celui de reconstruire des filières sacrifiées à la domination du nucléaire. Un autre sera de permettre aux citoyens, aux collectivités et aux entreprises de capter les bénéfices du soleil, du vent, des kWh qu’on économise ou qu’on déplace, plutôt que d’en organiser le partage par quelques géants de l’énergie.

Notes

[1] Les panneaux solaires produisant 15 % du temps en moyenne, contre 72 % pour le nucléaire, il faut installer de l’ordre de 5 fois plus de puissance solaire que nucléaire pour produire la même quantité de kWh. Ces pourcentages (15 % et 72 %) définissent ce qu’il est convenu d’appeler le facteur de charge. Pour les éoliennes récentes selon qu’elles sont installées sur terre ou en mer, le facteur de charge varie entre 30 % et 60 %.

[2] Source : BDEW, Bundesverband der Energie und Wasserwirtschaft.

[3] À titre de comparaison, la Cour des comptes calcule (avec beaucoup de réserve) un coût de l’électricité qui sera produite par l’EPR de Flamanville de l’ordre de 12 centimes le kWh (en euros 2012). Le coût de production de l’électricité solaire varie fortement selon l’ensoleillement jusqu’à moins de 1,5 centime d’euro dans les déserts du Proche-Orient à la fin de 2021.

source : https://reporterre.net/Quand-le-photovoltaique-allemand-produit-plus-que-le-nucleaire-francais

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