Les parcs éoliens offshore représentent-ils vraiment une menace pour l’environnement marin ?
L’éolien marin «tue» la pêche et la nature.
L’implantation des éoliennes va énormément modifier les écosystèmes et les fonds marins et on va se retrouver avec quasiment 20 à 30 % de ressources en moins
Comme pour toute grosse infrastructure, l’installation d’un parc crée une perturbation du milieu naturel, avec des effets positifs et négatifs
Les installations ne créent pas nécessairement «une dégradation», mais plutôt «un simple changement d’état
Lorsque l’homme immerge une structure en mer, un certain nombre d’espèces, dont l’habitat est habituellement composé de rochers, viennent s’y fixer, profitant de ce nouveau socle» : c’est ce qu’on appelle «l’effet récif».
«L’effet réserve», lui, découle de la baisse de l’activité de pêche, lorsqu’elle est interdite sur la zone dédiée à l’éolien offshore. «Ce choix de gestion pourrait permettre de compenser la perte de surface pêchée par un phénomène de débordement qui rendrait les zones adjacentes plus riches et plus productives
Le développement de l’éolien marin pourrait même créer de nouvelles opportunités pour le secteur de la pêche.
Concernant les projets d’éoliennes flottantes en Méditerranée, des pêcheurs locaux «appellent de leurs vœux l’installation d’un maximum de parcs, qui permettront aux coquillages de se multiplier».
«La difficulté, c’est de ne pas modifier l’environnement initial en favorisant le développement d’espèces non endémiques
Un des facteurs qui jouent le plus aujourd’hui sur les écosystèmes marins, c’est le changement climatique. Les milieux marins ont vraiment besoin que les émissions carbone soient drastiquement réduites, et donc la consommation d’énergies fossiles. Les énergies marines renouvelables ne sont pas LA solution, mais c’est une partie de la solution.
Parmi les arguments des pêcheurs opposés aux projets de construction d’éoliennes en mer figure la crainte d’une dégradation des milieux marins. A ce jour, cependant, les effets ne sont pas réellement mesurés. Certains seraient même bénéfiques, selon des scientifiques.
D’ici quelques mois, la France devrait inaugurer son tout premier parc éolien en mer.
Le chantier au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) bat son plein, les premières fondations sont déjà en place, et la mise en service de ce parc, qui comprend 80 éoliennes réparties sur 78 km2, est prévue pour mi-2022. Le projet avait pourtant été contesté par deux associations, mais depuis sa validation par le Conseil d’Etat, il s’est poursuivi sans trop d’encombre.
La situation est bien différente dans les Côtes-d’Armor, où le projet d’éolien offshore, en baie de Saint-Brieuc, est sous le feu des critiques de la part des professionnels de la mer. Le 3 mai, jour de lancement des travaux de construction du parc, une manifestation a réuni plusieurs centaines de personnes devant la préfecture de Saint-Brieuc. Rebelote le 19 juin, mais dans le Nord cette fois, pour protester contre l’implantation d’un parc au large de Malo-les-Bains. A chaque fois sont scandés les mêmes arguments : l’éolien marin «tue» la pêche et la nature. «L’implantation des éoliennes va énormément modifier les écosystèmes et les fonds marins et on va se retrouver avec quasiment 20 à 30 % de ressources en moins», affirmait ainsi en juin le marin-pêcheur Philippe Calone, l’un des organisateurs de la manifestation.
Effet récif et effet réserve
Il est pourtant tout aussi difficile d’affirmer que les projets d’éoliennes en mer sont préjudiciables pour l’environnement marin qu’elles lui sont bénéfiques. «Comme pour toute grosse infrastructure, l’installation d’un parc crée une perturbation du milieu naturel, avec des effets positifs et négatifs», explique à CheckNews Emeline Pettex, docteure en écologie marine, qui travaille sur les impacts des activités humaines en mer, notamment de l’éolien offshore. Le problème, poursuit cette spécialiste des oiseaux et des mammifères marins, c’est que les parcs éoliens s’ajoutent aux «perturbations d’origine humaine» déjà présentes en mer. «Pour les oiseaux, par exemple, cela apporte des obstacles là où il n’y en avait pas. Et comme en plus la structure bouge, elle crée un risque de collision.» Un parc génère aussi du trafic maritime supplémentaire, surtout pendant sa construction, mais également pour sa maintenance.
Néanmoins, plusieurs études scientifiques, dont une menée par des chercheurs français au sujet du parc de Courseulles-sur-Mer (Calvados), ont mis en évidence de possibles gains de biodiversité induits par l’éolien marin. Les installations ne créent pas nécessairement «une dégradation», mais plutôt «un simple changement d’état», explique Nathalie Niquil, directrice de recherche au CNRS en écologie marine, dans une synthèse des différentes études publiée sur le blog du Monde.
La chercheuse y détaille deux potentiels effets sur l’emplacement des parcs éoliens. D’abord, «lorsque l’homme immerge une structure en mer, un certain nombre d’espèces, dont l’habitat est habituellement composé de rochers, viennent s’y fixer, profitant de ce nouveau socle» : c’est ce qu’on appelle «l’effet récif». «L’effet réserve», lui, découle de la baisse de l’activité de pêche, lorsqu’elle est interdite sur la zone dédiée à l’éolien offshore. «Ce choix de gestion pourrait permettre de compenser la perte de surface pêchée par un phénomène de débordement qui rendrait les zones adjacentes plus riches et plus productives», note Nathalie Niquil.
Le développement de l’éolien marin pourrait même créer de nouvelles opportunités pour le secteur de la pêche, suggère Emeline Pettex. Elle qui suit notamment les projets d’éoliennes flottantes en Méditerranée, souligne que des pêcheurs locaux «appellent de leurs vœux l’installation d’un maximum de parcs, qui permettront aux coquillages de se multiplier».
«La difficulté, c’est de ne pas modifier l’environnement initial en favorisant le développement d’espèces non endémiques», tempère Jean-Luc Hall, directeur général du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), instance qui représente et défend les intérêts des pêcheurs et aquaculteurs professionnels. «Avant de développer une activité complémentaire, notre souhait est d’abord de maintenir un niveau de production qui permette la sauvegarde de nos activités actuelles. Nous n’avons pas forcément intérêt à faire proliférer de nouvelles espèces, qui parfois ne pourraient être pêchées que par des unités différentes.»
A défaut de les quantifier, limiter les effets
Bref, les possibles conséquences sur les écosystèmes marins sont donc connues, mais pas forcément néfastes. En revanche, elles restent difficiles à quantifier. De plus, «les effets qui se produisent dans un parc peuvent ne pas avoir lieu dans un autre, car ils dépendent des éoliennes utilisées, ou encore de l’écosystème associé à l’emplacement du parc», pointe Emeline Pettex. Les retours dont on dispose actuellement, par ailleurs, proviennent d’autres pays, plus avancés sur l’éolien offshore, comme le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas ou le Danemark. Or, indique Jean-Luc Hall à CheckNews, «on n’y retrouve jamais les mêmes conditions» en termes de températures, de courants, de marées…
«C’est pour ça qu’on demande dans chaque dossier des avis scientifiques éclairés et des suivis, de manière à pouvoir mesurer les éventuels impacts sur l’environnement, et revenir en arrière si c’est nécessaire», insiste le directeur général du CNPMEM. D’où la récente création d’un Observatoire des énergies de la mer, chargé d’amplifier les programmes de recherche et de réunir toutes les données disponibles à propos, entre autres, de l’éolien offshore.
Mais pour l’instant, «tout le défi est de faire le meilleur choix possible avec le niveau de connaissances que l’on a», tranche Emeline Pettex. A défaut de pouvoir être mesurés, certains risques peuvent être évités, ou amoindris le plus possible. «Pour réduire le bruit, par exemple, on sait qu’il faut limiter la taille des fondations, privilégier le forage comme mode d’installation, et installer éventuellement des rideaux de bulles [système composé de tuyaux immergés, qui produisent des bulles et permettent ainsi d’atténuer les bruits sous-marins, ndlr]», liste la chercheuse qui, avec son équipe rattachée à l’université de La Rochelle, assiste désormais la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) en maîtrise d’ouvrage.
Pas d’opposition de principe
Reste qu’au-delà des arguments environnementaux, persiste un «sentiment de méfiance assez fort» de certains professionnels de la mer à l’égard des projets de parcs éoliens offshore et de leurs promoteurs, selon Jean-Luc Hall, du Comité national des pêches. «Globalement, les pêcheurs sont très attachés à la possibilité d’exercer leur profession, et peuvent avoir l’impression de se faire déposséder des territoires sur lesquels ils travaillent», précise-t-il. D’autant plus qu’ils voient les appels d’offres se multiplier, et que les services de l’Etat ne sont pas toujours clairs : lorsqu’ils mettent en place des débats publics sur le zonage – afin que les acteurs locaux puissent indiquer quelles zones sont primordiales pour leur activité –, ils commencent par évoquer une zone très large, alors même que seuls quelques dizaines de kilomètres carrés sont finalement consacrées aux parcs.
L’autre facteur majeur d’inquiétude, c’est la relative ancienneté des projets. «Souvent, les négociations avec les opérateurs remontent à plusieurs années, relève Jean-Luc Hall. Les représentants du secteur des pêches maritimes ont donc parfois changé, et ne se sentent plus forcément engagés par rapport à ce qui a été conclu. Surtout, les conditions ont pu changer, les fonds marins se modifiant très vite, notamment sous l’effet du changement climatique.»
Depuis son siège parisien, Jean-Luc Hall admet ne pas connaître «de pêcheurs franchement pour» l’éolien marin, tandis qu’il a souvent affaire à «des pêcheurs franchement contre». Mais «une grande partie des pêcheurs sont prêts à accepter ces projets s’ils sont conformes avec [le] document de position [du CNPMEM]». Rédigé en décembre 2020, celui-ci reflète la non-opposition du comité, par principe, aux parcs éoliens, tout en listant les critères que doivent remplir ces projets. Dont les principaux sont la mise en place d’une réelle concertation avec les acteurs du secteur des pêches, et le respect des engagements pris par les promoteurs. C’est précisément là que le bât blesse dans le cas du parc de Saint-Brieuc. «Le porteur de projet s’était engagé à produire une étude sur les effets du bruit sur les ressources halieutiques, ainsi qu’à élaborer le calendrier des travaux en concertation avec les professionnels, de manière à tenir compte des activités de pêche». Deux conditions qui, d’après les éléments remontés au CNPMEM, ne sont pas respectées.
«La principale menace, c’est le changement climatique»
Mais Jean-Luc Hall tient à rester dans la nuance, en rappelant que les quelques manifestations qui s’organisent dans les communes concernées par les projets contestés ne doivent pas masquer le fait qu’«au sein des pêcheurs, qui sont aussi des citoyens, il existe des sensibilités différentes, des avis divergents». «Certains sont convaincus que l’installation d’éoliennes fera plonger leur chiffre d’affaires. D’autres pensent qu’il faut faire l’effort, car la principale menace aujourd’hui, c’est le changement climatique, et que cela affecte aussi leur activité professionnelle.»
«Un des facteurs qui jouent le plus aujourd’hui sur les écosystèmes marins, c’est le changement climatique, renchérit Emeline Pettex. Les milieux marins ont vraiment besoin que les émissions carbone soient drastiquement réduites, et donc la consommation d’énergies fossiles. Les énergies marines renouvelables ne sont pas LA solution, mais c’est une partie de la solution.»
La scientifique comme le représentant du Comité national des pêches insistent sur la nécessité de trouver un équilibre : la première estime que «quelques parcs ne seront pas problématiques» et qu’un nombre important de parcs engendrera en revanche «des effets cumulés plus importants», quand le second souhaite que les autorités prennent «le temps de tirer les enseignements des premiers parcs qui vont être installés».
A cette date, quatre chantiers sont en cours en Bretagne et en Normandie. Et au moins quatre autres projets doivent voir le jour en mer du Nord, sur la côte Atlantique et en Méditerranée.
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