Est-il envisageable de démanteler le parc éolien français comme le propose Marine Le Pen ?
La candidate du Rassemblement national Marine Le PEN
propose d’arrêter la construction de parcs éoliens et de lancer un grand chantier pour démonter les éoliennes existantes.
Ce qui coûterait a minima 400 millions d'euros et obligerait à repenser complètement le mix énergétique.
Decommissioning Vindeby Offshore Wind Farm - the world's first offshore wind farm
Les subventions considérables que l’on accorde à l’énergie intermittente, éolien et photovoltaïque, c’est entre 6 et 7 milliards d’euros par an
Moi je supprime les subventions, ce qui va d’ailleurs permettre de restituer aux Français la moitié d’une taxe qu’ils payent sur leur facture d’électricité
Le consensus sur l'éolien est en train de nettement s'affaiblir dans notre pays
QU’EST-CE QUE PROPOSE MARINE LE PEN ?
Fermement opposée à la construction d’éoliennes, la candidate du Rassemblement national (RN) qui se présente pour la troisième fois à la présidentielle, explique vouloir « arrêter toute nouvelle construction de parc éolien (…) et lancer un grand chantier pour les démonter », comme l’a affirmé sur RTL le 14 octobre dernier.
Un projet qu’elle justifie par la défense du pouvoir d’achat. « Les subventions considérables que l’on accorde à l’énergie intermittente, éolien et photovoltaïque, c’est entre 6 et 7 milliards d’euros par an », assurait-elle sur RTL. « Moi je supprime les subventions, ce qui va d’ailleurs permettre de restituer aux Français la moitié d’une taxe qu’ils payent sur leur facture d’électricité », a-t-elle indiqué en faisant référence à la CSPE (contribution au service public de l’électricité), une taxe qui figure sur la facture des consommateurs d’électricité. Elle vise notamment à compenser les surcoûts engendrés par la production d’énergies renouvelables, comme l’éolien qui est aujourd’hui plus cher que le nucléaire.
Pour soutenir ce démantèlement du parc éolien, Marine Le Pen entend investir dans « la relance d’un programme nucléaire innovant ». Un programme qui devra soutenir « la politique de réindustrialisation, l’électrification du transport et le développement de l’hydrogène vert » que la députée du Pas-de-Calais entend mettre en œuvre si elle était élue.
QU’EST-CE QUE CELA CHANGERAIT ?
Marine Le Pen formule une proposition à contre-courant des objectifs affichés en matière de transition énergétique. Depuis 2009, les gouvernements successifs ont tablé sur les énergies renouvelables et notamment sur l’éolien pour réduire progressivement la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.
On estime aujourd’hui qu’il y a plus de 8 000 éoliennes, en France et en Outre-Mer, réparties sur 1 380 parcs.
Un total qui fournit près de 9 % de la production totale d’électricité. S’il a pris du retard, le programme éolien est en train d’accélérer. Il est prévu de doubler la puissance éolienne raccordée d’ici à 2028, en misant notamment sur l’éolien en mer, dont la France est aujourd'hui dépourvue.
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Mais ce développement de l'éolien est aujourd'hui de plus en plus contesté. « Le consensus sur l'éolien est en train de nettement s'affaiblir dans notre pays », reconnaissait d’ailleurs Emmanuel Macron en 2020. Accusées d’enlaidir les paysages, d’être difficiles à recycler ou d’utiliser des quantités importantes de terres rares, les éoliennes souffrent de deux handicaps principaux :
- elles ne produisent de l’énergie que 25 % du temps
- et l’électricité produite est bien plus chère que le nucléaire.
En renonçant à cette source d’énergie, Marine Le Pen entend faire des économies, alors que les dépenses de soutien aux énergies renouvelables sont amenées à grimper. Si la France continue à réaliser la trajectoire qu’elle s’est fixée, les dépenses relatives aux éoliennes devraient atteindre pas moins de 3 milliards d’euros par an en 2023.
Ces dépenses publiques sont pour l'essentiel prélevées sur les consommateurs, via la CSPE. Le taux de cette taxe est fixé à 22,50 euros par mégawattheures (MWh). Si l’on considère que la consommation annuelle moyenne d’un foyer français est de 4,7 MWh par an, un rapide calcul montre que la ristourne proposée par Marine Le Pen permettrait aux foyers français d’économiser en moyenne un peu plus de 50 euros par an.
QUELLES INCIDENCES AURAIT CE DÉMANTÈLEMENT ?
La proposition de Marine Le Pen devrait conduire à repenser le mix énergétique, alors que la consommation d’électricité est amenée à croître de manière considérable dans les trente prochaines années. Pour compenser la part de l’éolien, la candidate du Rassemblement National appelle à une relance de la filière nucléaire dont elle souhaite « sanctuariser » la contribution à la production d’électricité, qui se situe aujourd'hui autour de 70 %. La députée du Pas-de-Calais envisage notamment de produire des SMR, des petits réacteurs modulaires, en appoint des centrales nucléaires classiques et de relancer des grands projets comme le programme Astrid, arrêté en 2019, qui consistait à créer un réacteur de quatrième génération.
Le fait de maintenir la part du nucléaire dans la production d’électricité à son niveau actuel est une éventualité écartée par le rapport rendu récemment par le Réseau de transport d’électricité (RTE). Les auteurs de ce rapport, qui évalue six scénarios différents, n'envisagent qu'un maximum de 50 % du nucléaire à horizon 2050. Pour un statu quo, il serait trop tard. « Une stratégie de maintien durable de l’équilibre atteint par le système français entre les années 1990 et aujourd’hui aurait dû être décidée il y a une vingtaine d’années pour avoir des chances de fonctionner », estime RTE contre l’avis d'autres spécialistes qui appellent à prolonger largement la durée de vie des réacteurs nucléaires et à relancer un vaste programme de production de nucléaire de nouvelle génération.
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Enfin, il est possible d’estimer le coût du démantèlement total du parc éolien français.
On sait que l’enlèvement d’une éolienne coûte au moins 50 000 euros, c’est en tout cas la somme que les exploitants sont légalement tenus de provisionner pour une éolienne d’une puissance inférieure ou égale à 2 MW.
En admettant que les coûts provisionnés soient suffisants, il faut donc il faut donc compter au moins 400 000 millions d’euros pour enlever et recycler les éoliennes déjà installées.
Mais le coût du démantèlement d’une éolienne est sujet à débat, c’est même l’une des critiques principales adressées à ce mode de production d’énergie. Selon le député PS Jean-Pierre Sueur, le coût unitaire pourrait s’élever à plus de 120 000 euros. La Fédération environnement durable (FED) parle même de « 211 000 euros hors taxe par mégawatt ». De quoi faire considérablement grimper la facture aux frais du contribuable.
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