Distance embouchure de la Loire - La Baule : 11 kms -- 2 550 particules par seconde se baladent dans le fleuve

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"2 550 particules par seconde se baladent dans le fleuve" : la Loire est bien contaminée par les microplastiques

Distance embouchure de la Loire - La Baule : 11 kms -- 2 550 particules par seconde se baladent dans le fleuve

On a longtemps pensé que la transformation des plastiques en microplastiques se produisait en mer, sous l'effet des vagues et du soleil.

Mais des études récentes ont démontré que les microplastiques sont déjà omniprésents dans les fleuves. Et la Loire n'est évidemment pas épargnée par cette pollution, comme aucun des grands fleuves européens.

 

Selon la fondation Tara Océan, huit millions de tonnes de déchets plastiques seraient déversées dans l’Océan chaque année, l’équivalent d’un camion benne chaque minute ! 80 % de ces déchets proviennent de la terre, c’est-à-dire des rivières, fleuves, décharges ou égouts.

Avec 2 700 prélèvements effectués sur neuf grands fleuves européens, la fondation a prouvé, en 2019, que cette pollution aux microplastiques en mer est alimentée à chaque instant par nos bassins-versants et le flux de nos fleuves, y compris, bien sûr, celui de la Loire.

Professeur à l'Université de Tours, Mohammed Boussafir est le directeur du laboratoire GéoHydrosystèmes Continentaux (GéHCO), qui va mener une étude de trois ans sur la contamination de la Loire par les microplastiques. Invité par la Maison de la Loire 37, il animera ce mardi 7 octobre une conférence sur le sujet à Montlouis-sur-Loire. Il a auparavant accepté de répondre à nos questions.

  • Que sont les microplastiques ?

Professeur Boussafir : "Les plastiques sont des polymères organiques, fabriqués essentiellement à partir de produits pétroliers. Lorsqu'on parle de microplastiques, cela fait référence à leur taille, ce sont toutes les fractions de ce polymère que l'on retrouve dans l'environnement, et qui ont une taille inférieure à cinq millimètres. On distingue les grands microplastiques, visibles à l'œil nu, des petits microplastiques, mesurés en micromètres, c'est-à-dire en millième de millimètres. Ces derniers, que l'on ne peut voir, vont s'associer avec du plancton, des bactéries, et se retrouvent à la base de la chaîne alimentaire pour des poissons ou des mollusques. Pour arriver jusqu'à l'homme.

Ce qui pose également beaucoup de problèmes pour l'environnement, ce sont tous les additifs que l'on rajoute pour conférer certaines propriétés aux plastiques, comme la souplesse, pour les sacs plastiques, la résistance au feu, la capacité à durer dans le temps ou à résister aux UV.

 

Une fois dans la nature, ces adjuvants sont relâchés, et l'on y retrouve des phtalates, des bromures, des chlorures, des composants qui sont des perturbateurs endocriniens".

 

  •  Comment se retrouvent-ils dans nos fleuves, quelles sont les sources de cette pollution aux microplastiques ?

Professeur Boussafir : "On établit, là aussi, une distinction entre deux types de microplastiques. Il y a tout d'abord les primaires, qui proviennent directement de l'industrie. Des granulés, provenant de fuites industrielles, ou des microbilles rajoutées dans certains produits sanitaires, comme le dentifrice. Tout cela arrive dans les eaux usées. On retrouve également très souvent des fibres synthétiques de vêtements, car toutes les machines à laver ne sont pas équipées de systèmes de filtration. L'épandage des boues d'épuration ou l'utilisation d'engrais à libération prolongée dans l'agriculture conduit également le plastique vers les rivières.

Essais de dégradation de différents plastiques standards et recyclés, dans le laboratoire GéHCO de l'Université de Tours. • © M. Boussafir, Université de Tours
Essais de dégradation de différents plastiques standards et recyclés, dans le laboratoire GéHCO de l'Université de Tours. • © M. Boussafir, Université de Tours

Les microplastiques secondaires, quant à eux, viennent de la fragmentation des macrodéchets, bouteilles plastiques, sacs plastiques, barquettes alimentaires, etc. Le plastique se craquelle et finit par se fragmenter en morceaux de plus en plus petits."

 

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  • Quel est le niveau de contamination aux microplastiques des eaux de la Loire ?

Professeur Boussafir : "Beaucoup reste à faire sur la contamination du milieu fluviatile, on manque d'études très précises sur la Loire. On estime pour l'instant qu'elle compte trois fractions par mètre cube, c'est-à-dire pour 1 000 litres d'eau. Cela peut sembler dérisoire, mais, sur un débit moyen de 850 mètres cubes par seconde, cela donne 2 550 particules par seconde qui se baladent dans le fleuve !

En France, le Rhône, la Seine ou le Rhin sont un peu plus pollués aux microplastiques, mais cela reste peu par rapport à d'autres fleuves européens étudiés par Tara en 2019, où l'on a décelé 50 à 60 particules par mètre cube. Les microplastiques sont partout, jusque dans la chair des poissons, mais leurs effets sur la santé humaine sont encore mal documentés.

 

Pour la Loire, nous allons commencer une grande étude, financée par la Région Centre-Val de Loire, qui va durer trois ans. Il s'agit d'établir un état des lieux de cette pollution, d'en établir les sources, de voir l'impact des grandes agglomérations, mais aussi le rôle joué par la saisonnalité du fleuve, son hydrodynamisme. L'étude de Tara portait sur des analyses ponctuelles et surtout concentrées autour des estuaires. Nos prélèvements se feront en toutes saisons, pour déterminer aussi le rôle joué par les crues."

source : FRANCE3

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