La Baule. Chaque nuit, Dominique nettoie la plage
On passe notre temps à sensibiliser les gens à jeter et à trier leurs déchets dans les poubelles
La plage, à toute heure de la journée.
Cet été, la rédaction a arpenté les plages de la presqu’île guérandaise pour vous faire découvrir les professionnels et le public qui la font vivre, l’animent et en prennent soin. Notre premier volet avec Dominique Edon, qui toilette chaque nuit la grande plage de La Baule (Loire-Atlantique).
La nuit, la plage retrouve son semblant de quiétude. Pendant que les baigneurs de la journée se retirent dans les bras de Morphée, Dominique Edon en sort à peine. De minuit à 6 h 30, la plage de La Baule devient son terrain de jeu.
Au volant de son tracteur, Dominique Edon passe au crible les quelque 6 km de plage de sable fin pour en extraire les déchets ménagers enfouis pendant la journée. Ce qui représente, quand même, « entre 200 et 300 kg de détritus par jour ».
Pour les collecter, son tracteur tire une cribleuse, machine sophistiquée qui vient creuser le sable sec sur 20 cm de profondeur. Les déchets collectés font l’objet d’un pré-tri sur le tapis de la cribleuse, équipé d’un tamis. Le sable prélevé est redéposé sur la plage, tandis que les déchets sont rejetés dans une benne de 10 m³ accolée.
« Je retrouve de tout »
« Je retrouve de tout », témoigne Dominique Edon. Dans le top trois : des mégots par milliers, enfouis dans le sable.
« On a aussi des cigarettes jetées sur la voie publique, poussées par le vent », ajoute le salarié de 43 ans qui travaille également en station de broyage à Guérande. Il réalise, cette année, sa deuxième saison sur la plage de La Baule. Autres déchets récupérés abondamment, surtout depuis le début de la crise sanitaire, des masques jetables et des gants à usage unique.
Cigarettes, canettes et verre pilé
« On passe notre temps à sensibiliser les gens à jeter et à trier leurs déchets dans les poubelles », relate Benoît Ringot, en charge de la concession de la plage chez Veolia.
Dans la benne de Dominique Edon, il y a aussi des victuailles plus classiques, liées à l’activité saisonnière : canettes, capsules de bière, bouchons de liège et verre pilé.
« Avec les soirées Projet X que nous avons connues début juillet, on a eu plus de travail, avoue Dominique. Un jour, j’ai collecté 1 600 kg de déchets. » C’est « sans compter les autres kilos pris par mes collègues à la main, à la pince, et ceux qui ramassent les poubelles ».
Inévitablement, la nuit, le tracteur doit nettoyer les endroits où des groupes de fêtards ont pris place. « Ce que je fais, c’est que je les contourne, et je reviens plus tard », raconte le conducteur. Avec quelques-uns, des échanges démarrent. « Avec beaucoup de curiosité, on demande ce que je fais sur le tracteur ou on me demande de faire un tour », sourit-il. Raison de plus : l’été, Dominique Edon redouble de vigilance. À l’aide d’une caméra thermique qui détecte la présence d’un corps chaud dans l’obscurité, il est déjà tombé « quelques fois » sur des personnes endormies, enfouies dans le sable. « C’est une couverture de chaleur après une bonne journée de soleil », indique-t-il.
« On a retrouvé un obus de mortier »
Mais c’est loin d’être sa plus grosse trouvaille : « On a retrouvé l’année dernière un obus de mortier et on a dû faire intervenir les démineurs. » Entre « ça et la découverte de croisillons datant du Débarquement », son travail lui réserve continuellement son lot de surprises. Toutes différentes en fonction de la saison. Au printemps, la cribleuse ramasse des déchets anthropiques liés à l’activité halieutique, que la mer refoule : « filets de pêche, morceaux de bouée », cite notamment Dominique Edon.
En juin, « on a ramassé 210 m³ d’algues vertes », rapporte-t-il.
« Elles ne sont pas nocives mais elles sont enlevées par esthétisme, indique Benoît Ringot. Mais on garde la laisse de mer… Tant qu’on peut laisser vivre l’écosystème, on le fait. »
Pour le traitement des déchets, « le carton et le verre collecté sont valorisés à 100 % », indique Émilie Tales, directrice de la communication chez Veolia.
Les déchets génèrent du biogaz
Les déchets restants finissent leur vie dans un centre de stockage à Grand’Landes, en Vendée, à 100 km d’ici. « Leur décomposition génère du biogaz réinjecté dans le réseau, précise la directrice de la communication. Le site reçoit 80 000 tonnes de déchets par an. Il produit de l’électricité équivalent aux besoins annuels de 1 000 foyers. »
Les déchets de La Baule représentent « une toute petite partie de ce tonnage, et il n’est pas possible d’en extraire des chiffres, déclare-t-elle. Il n’y a pas d’autres filières à l’heure actuelle ».
En septembre, Veolia va tester, indique cette dernière, « un nouveau processus qui permettra de récupérer la portion de sable collectée par la cribleuse pour la mettre à disposition du BTP (Bâtiment et travaux publics) ».
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