Les Français tardent à déménager, malgré la montée des eaux

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«On ne va pas non plus aller à 20 km dans les terres», où l’immobilier est moins cher mais «où les touristes ne passent pas»

Le lien entre digues et réchauffement climatique n’est pas instinctif. Et pourtant les études s'annoncent plus précises au fil des semestres. De 1m d'augmentation prévisionnelle pour 2100 déclaré en 2019, on est passé à mi-2022 à une estimation de 1 à 3m sous 5 ans
Le lien entre digues et réchauffement climatique n’est pas instinctif. Et pourtant les études s'annoncent plus précises au fil des semestres. De 1m d'augmentation prévisionnelle pour 2100 déclaré en 2019, on est passé à mi-2022 à une estimation de 1 à 3m sous 5 ans

 

Au moins 50.000 logements sont menacés par l’érosion et le risque de submersion, selon le gouvernement.

Reculer dans les terres un camping littoral ou une ferme d’agneaux de prés-salés. Des projets de «repli stratégique» commencent à voir le jour face à la mer qui grignote les côtes.

Ce phénomène est prôné depuis une dizaine d’années par l’État, après des décennies «où on a bétonné un peu partout», et accéléré ainsi l’érosion, selon un haut fonctionnaire. Pour Stéphane Costa, référent scientifique de la stratégie nationale de gestion du trait de côte, organiser le déménagement des constructions les plus exposées à la montée du niveau des mers est «urgent» car la tâche est immense face à un phénomène qui va se répercuter «loin dans les terres».

D’ici 2100, le niveau de la mer devrait augmenter d’un mètre environ. Et «au moins 50.000 logements» devraient être concernés en France par l’érosion et le risque de submersion, selon le ministère de la Transition écologique.

Le recul du trait de côte, Jean-François Bloc, le maire de Quiberville, station balnéaire de Seine-Maritime (76), en est plus que conscient. Il vient d’exproprier pour destruction une maison en bord de falaise. Ce n’est ni la première ni la dernière. «Pendant des décennies, ce territoire comme tant d’autres, a lutté contre la nature. Aujourd’hui au lieu de faire des murs, mettre des pompes, on choisit d’enlever les équipements submersibles pour ouvrir la vallée à la mer», explique Régis Leymarie, délégué adjoint du Conservatoire du littoral de Normandie, coordinateur du projet.

À Montmartin-sur-mer (Manche), David Lecordier, éleveur de moutons de prés-salés, s’est fait lui aussi à l’idée de quitter son «cadre idyllique resté un peu sauvage». Le Normand a vu un hectare de la ferme, héritée de ses parents, partir à la mer et trois autres, devenir inondables. Mais le prix que lui propose le Conservatoire du littoral pour racheter ses terres est loin de financer son projet d’achat de gîtes pour accueillir des touristes un peu plus loin du rivage. La flambée continue des prix de l’immobilier sur le littoral «n’arrange pas les choses», déplore-t-il. «On ne va pas non plus aller à 20 km dans les terres», où l’immobilier est moins cher mais «où les touristes ne passent pas», argumente-t-il. Et sa communauté de communes n’a pas prévu de l’aider financièrement.

Les Français tardent à déménager, malgré la montée des eaux

L’impact financier de l’érosion est estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros

Association nationale des élus du littoral (ANEL)

10 millions d’euros débloqués

Au total, «l’impact financier de l’érosion est estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros», selon l’Association nationale des élus du littoral (ANEL) qui «attend depuis longtemps les outils et les ressources nécessaires à l’adaptation à l’érosion côtière». Interrogé par l’AFP, le ministère de la Transition écologique indique «réfléchir» à la question des financements à long terme, qui pourront inclure le privé, et souligne avoir débloqué 10 millions d’euros en tout pour 2021-2024 pour Gouville-sur-mer (Normandie), Saint-Jean-de-Luz et Lacanau (Nouvelle Aquitaine).

À l’exception du déplacement dans les terres de parkings à Saint-Jean-de-Luz et d’un poste de secours et une boutique à Lacanau, les 10 millions, même abondés par les collectivités, ne financent dans les faits pas de travaux de relocalisation mais uniquement l’étude du déménagement de campings, habitations, commerces, station d’épuration, selon les collectivités concernées.

Lire : Le classement des villes françaises les plus menacées par la montée du niveau des océans

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